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LE SERVITEUR

moi aussi, j’assistais à des enterrements qui me déchiraient l’âme, je faisais effort pour ne pas fondre en larmes.

Tu étais là, tourné vers l’autel d’où montaient les prières, vers le chœur où les chantres imploraient pour toi la suprême pitié, vers ce chœur que tu avais toujours soigneusement nettoyé, vers cet autel que tant de fois tu avais paré de fleurs. Toi qui t’effaçais devant tout le monde et qui semblais toujours douter de toi-même, n’était-ce pas encore toi que j’entendais dire :

Judex ergo cum sedebit,
Quidquid latet apparebit :
Nil inultum remanebit.


Quid sum miser tunc dicturus ?
Quem patronum rogaturus,
Cum vix justus sit securus ?

Ah ! C’est maintenant que je te voyais les mains jointes, ton chapelet sur la poitrine, les pieds l’un près de l’autre, les yeux fermés, et tes trente années de vie exemplaire dont chacun