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LE SERVITEUR

des jours se tenait près de loi, riche de travail et de prières, et disant :

— Celui est un Juste, Seigneur ! Il a mérité d’entrer en votre Paradis.

Tout ce qui de ta vie était resté caché pouvait apparaître au grand jour de l’éternité. De toi personne n’avait à tirer vengeance. Tu n’avais jamais insulté personne. Jamais tu n’avais dû un centime à personne. Tu avais toujours été poli avec tout le monde. Tu avais fidèlement récité tes prières du matin et du soir, et ton chapelet. Aussi souvent que te le permettait ton travail, tu avais assisté en semaine à la messe chantée du matin. Tu avais toujours modelé ta pensée sur la religion, et ton travail sur ta pensée, et ta conduite sur ton travail. Tu avais toujours dit que nous ne pouvons rien par nos propres forces, et que les Saints sont nos intercesseurs auprès de Dieu qui est tout. Tu connaissais les Saints. Ils devaient, eux aussi, te connaître : tu avais trop vécu, par la pensée, dans leur société. Tu pouvais l’adresser à saint Guy, le pauvre d’Anderlecht. Mais, le moment venu, tu reculais, te jugeant beaucoup plus pauvre de mérites que saint Guy.