Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/10

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DU TRADUCTEUR.

facile, qu’après y avoir réussi, il n’oseroit se glorifier de ce succès. Il en est de même de l’esprit humain : quand il est abandonné à lui-même, il va tâtonnant avec effort dans l’interprétation et l’imitation de la nature ; il se jette dans une infinité de fausses routes, qui aboutissent à autant d’opinions phantastiques, les unes en deçà, les autres en delà de la réalité des choses ; puis il passe et repasse continuellement par les routes qui l’ont déjà trompé, manquant toujours la vérité, dont le cercle ou la ligne droite est la sensible et fidelle image ; et si quelquefois il parvient à la saisir, c’est presque toujours à son insu, faute d’une règle sûre pour se prouver à lui-même qu’il l’a saisie. Ainsi, l’unique moyen d’augmenter la puissance de l’homme, et de diminuer ses maux, en étendant ses connoissances, et leur donnant toute la solidité possible ; c’est de lui procurer un nouvel instrument (novum organum), une nouvelle machine pour diriger la marche de son esprit, comme il s’en est