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PRÉFACE

de méthode pour venir se placer dans la main de l’homme. Les forces de la nature sont éternelles ; elles sont par-tout ; elles sont toujours là : mais ce qui n’est pas toujours là, c’est un génie attentif et méthodique, qui sache observer leur action et l’imiter ; et ce qui manque à l’homme, pour entendre le langage de la nature, c’est moins l’attention, l’activité et la constance même, que la méthode, et sur-tout qu’une méthode sûre. Si un homme se flattoit de pouvoir, à l’aide de sa seule main, et sans le secours d’aucun instrument, tracer une ligne bien droite, ou décrire un cercle parfait, on le verroit, de cette main toujours incertaine, traçant d’abord une infinité de lignes irrégulières, les unes en deçà, les autres en delà du véritable trait, passer ensuite et repasser continuellement sur les mêmes points, manquant toujours le but, ou si enfin il y parvenoit, il n’auroit aucun moyen pour s’en assurer : mais si on lui donnoit une règle et un compas, alors l’opération deviendroit si