Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/119

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des plus grandes causes d’indigence est de se croire dans l’abondance, et qu’en se fiant trop au présent, on ne pense guère à se ménager de vraies ressources pour l’avenir ; il est à propos et même nécessaire qu’avant d’entrer en matière, nous détruisions, et cela franchement et sans détour, cette excessive admiration qu’on prodigue aux choses déjà inventées ; afin que les hommes, une fois détrompés à cet égard, cessent de s’exagérer à eux-mêmes ou de vanter leur abondance ou leur utilité. Car, si l’on considère d’un peu près toute cette prétendue variété de connoissances qu’on croit répandues dans les livres ; productions dont les arts et les sciences sont si fiers, qu’y trouvera-t-on ? d’éternelles répétitions de la même chose, tout au plus un peu diversifiée par la manière de la traiter, mais dont l’invention s’étoit saisie depuis long-temps ; en sorte que cette abondance qu’au premier coup d’œil on croyoit y voir, se réduit, tout examiné, à bien peu de chose. Voyons