Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/163

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de le disséquer pour ainsi dire, ceux-là doivent tout puiser dans les choses mêmes. Or, ce travail-là, cette recherche, cette espèce de promenade dans l’univers, il n’est aucune force de génie, aucune méthode d’argumentations qui puisse y suffire et tenir lieu des faits, non pas même quand les esprits de tous les hommes, parfaitement d’accord entr’eux, concourroient à un tel dessein : il faut donc se procurer une telle histoire, ou renoncer tout-à-fait à l’entreprise. Mais, jusqu’à ce jour, les hommes se sont, à cet égard, conduits de telle manière, qu’il n’est nullement étonnant que la nature ne se soit pas laissé approcher.

Car, en premier lieu, l’information des sens même est trompeuse et insuffisante ; l’observation, paresseuse, inégale, et une sorte de jeu de hazard ; la tradition, vaine et composée de bruits populaires ; la pratique, toute attachée à la main d’œuvre et toute servile ; la méthode expérimentale, aveugle, stupide,