Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/208

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petit-fils ou l’arrière-petit-fils ressemble plus à son aïeul ou à son bisaïeul qu’à son père, de même aussi il n’est pas rare que les affaires présentes quadrent mieux avec les exemples très anciens, qu’avec

    cette justesse de combinaison qui lui faisoit appercevoir d’un coup d’œil les besoins de chaque pays, et former, d’après cette connaissance, une spéculation de plusieurs millions, en moins de temps que nous autres petits hommes, vains, envieux, cupides, fastueusement avares, et inutilement tracassiers, n’arrêtons un projet où il ne s’agit que de quelques écus. La vertu n’enrichit pas toujours ceux qui la pratiquent ; mais du moins elle donne plus de saveur aux succès, et console de toutes les disgrâces ; on ne se repent jamais d’avoir bien fait. Nous exhortons ceux d’entre nos jeunes concitoyens qui, ayant le goût de la vertu, et sensibles au plaisir d’avoir bien fait, liront cet ouvrage avec quelque attention, de s’armer de la maxime vigoureuse dont il est question ici, contre certaines maximes dangereuses qu’ils rencontreront dans l’article auquel l’auteur a donné pour titre, l’artisan de sa propre fortune ; sans quoi, au lieu de nous rendre utiles en interprétant cet ouvrage, nous n’aurons fait que broyer pour eux un poison.