Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/209

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les exemples plus modernes. Enfin, l’esprit d’un seul homme le cède autant à la vaste étendue des lettres prises en entier, que les revenus d’un particulier le cèdent au trésor public.

Si l’on accorde que ces dépravations et ces obstacles que les Politiques imputent aux lettres, aient quelque influence et quelque réalité, il faut convenir pourtant que dans chaque circonstance, la science fournit plus de remèdes qu’elle ne cause de maux. En effet, accordons que les lettres, par une certaine force cachée, jettent l’esprit dans l’incertitude et la perplexité. D’un autre côté, il est hors de doute qu’elles nous apprennent comment nous pouvons nous dégager de la foule de nos pensées ; jusqu’à quel point il faut délibérer, et quel est le moment où il faut prendre un parti. De plus, elles apprennent comment l’on peut, en attendant, suspendre ses desseins et tirer les choses en longueur. Accordons aussi qu’elles rendent les esprits plus roides et plus difficiles ; mais