Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/218

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voici ce que je me contenterai d’y répondre ; rappellons-nous le temps où elle le fut. Ne fut-ce pas au temps des trente tyrans, les plus cruels, les plus odieux de tous les mortels et les plus indignes du commandement ? Mais, lorsque cette période si courte de temps et de choses fut révolue, ce même Socrate, cet homme si criminel, fut mis au nombre des héros, et sa mémoire fut comblée de tous les honneurs divins et humains. Il y a plus : ces entretiens, que d’abord on regarda comme capables de corrompre les mœurs, furent célébrés par la postérité comme les antidotes les plus efficaces et les plus sûrs pour l’esprit et les mœurs.

Que ce peu de mots suffise pour répondre à ces Politiques qui, par une orgueilleuse sévérité ou une gravité affectée, ont osé faire injure aux lettres : réfutation qui, sans le doute où nous sommes que ce fruit de nos travaux parvienne jamais à la postérité, paraîtrait assez peu nécessaire, dans un temps où l’aspect et la faveur de deux souverains