Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/252

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les brins du faisceau, vous les trouverez tous foibles, et il vous sera facile de les fléchir ou de les rompre tous successivement ; en sorte que comme l’on disoit de Sénèque, qu’en pulvérisant tout à l’aide des mots, il ôtoit aux choses tout leur poids ; on peut dire aussi des Scholastiques, que, pulvérisant tout par leurs controverses sans nombre, ils ôtent aux sciences tout leur poids. Dites-moi s’il ne vaudrait pas mieux, dans une salle spacieuse, allumer un seul flambeau, ou suspendre un seul lustre garni de lumières, pour éclairer toutes les parties à la fois, que d’aller promenant une petite lanterne dans tous les coins ? comme le font ceux qui s’étudient moins à éclaircir la vérité par des raisonnemens bien nets, par des exemples et des autorités ; qu’à lever toutes les petites difficultés, à résoudre toutes les petites objections, à dissiper tous les doutes. Que gagnent-ils par cette méthode ? Ils font que chaque question enfante de nouvelles questions sans fin et sans terme. Comme nous