Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/254

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des gens qui ne sont jamais d’accord entr’eux, se trompent tous. Et lorsqu’il voit de savans hommes ferrailler sans cesse les uns contre les autres pour le moindre sujet, il se saisit aussitôt de ce mot de Denys de Siracuse : ce sont propos de vieillards oisifs[1]. Mais il est hors de doute que si les Scholastiques, à cette soif inextinguible de la vérité et à cette perpétuelle agitation d’esprit qui leur est propre, eussent joint des lectures et des méditations assez étendues et assez variées, ils n’eussent été de grandes lumières en philosophie, et n’eussent fait faire de grands pas aux sciences et aux arts.

Quant à la troisième espèce d’excès qui regarde le mensonge et la fausseté, c’est la plus honteuse de toutes ; elle détruit la nature même et l’ame de la

  1. Ce mot fut dit à l’occasion d’une certaine dispute assez frivole qu’agitoient Platon aved d’autres philosophes, en présence du tyran ; dispute dont le plus grand défaut étoit peut-être que ce tyran n’y entendoit rien.