Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/275

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disoient-ils, unie et facile au commencement, devient, sur la fin, tout-à-fait impraticable ; et l’autre, rude et scabreuse à l’entrée, est, pour peu qu’on y pénètre, tout-à-fait libre et applanie. C’est ainsi que, dans la contemplation, si l’on veut commencer par la certitude, on finira par le doute : au lieu que, si, commençant par le doute, on a la patience de l’endurer quelque temps, on finira par la certitude.

Une erreur toute semblable se montre dans la manière de transmettre les sciences ; manière qui le plus souvent, au lieu d’être franche et aisée, est impérieuse et magistrale ; enfin plus faite pour commander la foi, que pour se soumettre elle-même à l’examen. Je ne disconviendrai pas que, dans les traités sommaires et consacrés à la pratique, on ne puisse retenir cette forme de style ; mais, dans des traités complets sur les sciences, mon sentiment est qu’il faut éviter également les deux extrêmes ; savoir, celui de l’épicurien Velleïus, qui ne craint rien tant