Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/276

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que de paraître douter de quelque chose ; ainsi que celui de Socrate et de l’académie, qui laissoient tout dans le doute. Il vaut mieux ne se piquer que d’une certaine candeur et exposer les choses avec plus ou moins de contention, selon que, par le poids des raisons mêmes, elles sont plus ou moins fortement prouvées.

Il est d’autres erreurs qui se rapportent aux différens buts que les hommes se proposent ; car les plus ardens coryphées des lettres doivent avoir pour principal but d’ajouter quelque découverte importante à l’art qu’ils professent. Ceux dont nous parlons ici, contens des seconds rôles, ne briguent que la réputation de subtil interprète, d’antagoniste véhément et nerveux, ou d’abbréviateur méthodique ; conduite dont l’effet est tout au plus d’augmenter les revenus et le produit des sciences, sans que le patrimoine et le fonds prenne d’accroissement.

Mais de toutes les erreurs la plus grande, c’est cette déviation par laquelle on s’éloigne de la fin dernière des sciences.