Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/325

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terreur, que je ne connois rien au-dessus.

Enfin, pour terminer avec César, il est clair que lui-même avoit le sentiment de ses grandes lumières, comme le prouve le trait suivant. Car quelques-uns témoignant devant lui leur étonnement sur cette résolution que prit Sylla d’abdiquer la dictature : ne vous en étonnez pas, leur dit-il, Sylla ignoroit les lettres ; voilà pourquoi il n’a pas su dicter.

Il est temps désormais de mettre fin à cette dissertation sur l’étroit lien qui unit la vertu militaire et les talens littéraires ; car qui pourroit-on citer en ce genre après Alexandre et César ? Cependant je suis tellement frappé de ce qu’a de grand et d’extraordinaire un autre exemple où l’on voit un passage rapide du badinage au miracle, que je ne puis m’empêcher de le rapporter. C’est celui du philosophe Xénophon, qui, sortant de l’école de Socrate, partit pour l’Asie avec Cyrus le jeune, dans l’expédition que ce prince entreprit contre son frère Artaxerxe. Ce Xénophon étoit très jeune alors, et n’a-