Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/364

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Enfin, je me plains (et c’est un point que j’ai déjà touché plus haut) de ce qu’on n’a jamais, ou du moins de ce qu’on a bien rarement pensé à désigner publiquement des personnes d’une capacité suffisante, pour écrire ou pour faire des recherches sur ces parties des sciences qui n’ont pas encore été suffisamment élaborées ; but auquel on parviendroit plus aisément, si l’on faisoit le dénombrement et le recensement des sciences, afin de mieux distinguer celles qui sont déjà riches et qui ont pris le plus grand accroissement, de celles qui sont encore pauvres et dépourvues ; car une des grandes causes d’indigence, c’est l’opinion même où l’on est de son opulence. Or, la multitude des livres est moins une preuve d’opulence, qu’un signe de luxe : redondance à laquelle (si l’on s’en fait une juste idée) il ne faudroit nullement remédier en brûlant les livres déja existans mais plutôt en en composant de meilleurs qui pussent, comme le serpent de Moyse, dévorer les serpens des mages.