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DU TRADUCTEUR.

leur servitude ; parce qu’en rappellant trop tôt et trop clairement aux hommes tous leurs droits, on ne fait ainsi que les exciter à oublier leurs devoirs actuels, et avertir leurs tyrans de se fortifier. Avant de dénoncer les derniers, et d’offrir aux hommes la liberté, ou de les forcer, par une sainte violence, à l’accepter, il est bon de leur expliquer, avec un peu de netteté et de précision, ce que c’est que cette liberté qu’on leur offre, l’épée ou le livre à la main, de peur qu’ils ne la confondent avec la licence, qui est précisément l’opposé, et qu’ils ne s’imaginent qu’être libre, c’est avoir la faculté de s’affranchir de toute obligation, de retenir la part que chaque citoyen doit fournir dans la mise commune, de violer les propriétés les plus sacrées, d’égorger quiconque les contredit ; en un mot, la faculté de jouir de tous les droits sans remplir aucun devoir, et en violant les loix mêmes qu’ils se seront faites. Mais en apprenant aux hommes à penser par eux-mêmes, à rappeller courageu-