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DE LA DIGNITÉ ET ACCROIS.

desseins, ou à découvrir ceux de l’ennemi, ni sur la célérité même : il faut donc, avant tout, prendre le bouclier de Pallas, c’est-à-dire, celui de la prévoyance, afin de laisser le moins possible à la fortune. C’est à quoi tendent d’abord le soin de reconnoître toutes les routes avant d’y entrer, et celui de fortifier son camp ; ce qui est presque tombé en désuétude dans la milice moderne : au lieu que les Romains avoient un camp qui sembloit une ville fortifiée, pour se ménager en cas de défaite, une dernière ressource : puis une armée stable et bien rangée ; car il ne faut pas trop compter sur les troupes légères, ni sur la cavalerie : enfin, toute la vigilance et toute la sollicitude nécessaire pour se préparer à une vigoureuse défense ; attendu que, dans la guerre, on a plus souvent besoin du bouclier de Pallas, que de l’épée de Mars. Mais Persée a beau être muni de troupes et de courage, avant de commencer la guerre, il lui reste encore une autre chose à faire, qui est de la plus