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DU TRADUCTEUR.

ger son esprit des viles entraves de l’habitude ; à tout considérer avec ses propres yeux ; à découvrir, avec l’œil de sa raison, ce que l’œil du corps n’apperçoit pas ; à s’élancer de l’étroite limite du réel dans le champ immense du possible ; à agrandir la sphère de ses sentimens ; en élevant ses pensées ; en un mot, à tout voir par soi-même ; et à voir en grand ; à n’employer que ses propres forces et à les employer toutes. Car, comme l’a observé M. de Buffon, l’on n’a de forces qu’en proportion qu’on en exerce ; et quoiqu’un grand homme, par cela seul qu’il est homme, soit, comme nous, sujet à se tromper, néanmoins, comme il se trompe en grand, ses erreurs mêmes nous apprennent à voir ainsi. La véritable cause de nos erreurs, est moins de voir mal, que de ne pas voir assez, et de juger avant d’avoir assez vu.

VI. Qu’il nous soit permis, en finissant, de donner quelque chose au sentiment de la gratitude, et de faire connoître au public le zèle généreux des personnes, des familles et des corps, qui ont facilité l’exécution de notre entreprise, soit par des secours directs, soit par des exhortations quelquefois nécessaires, soit en favorisant les études préparatoires.

À Paris. D’abord le gouvernement, qui nous a envoyé deux gratifications à titre d’encoura-