Page:Bacon - Œuvres, tome 3.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sion de la rhétorique doivent être variés à raison des auditeurs ; en sorte que, semblable en cela, à un musicien, s’accommodant aux oreilles diverses, elle soit un Orphée dans les bois, et un Arion parmi les dauphins.

Or, ce soin d’approprier et de varier le discours (pour peu qu’on soit jaloux de s’élever au plus haut degré de perfection) doit être porté au point que si l’on a précisément les mêmes choses à dire à différons hommes, il faut employer tels mots avec l’un, tels autres mots avec l’autre, et les varier pour chaque individu. Mais cette partie de l’éloquence (je veux parler de celle qui est d’usage en politique, dans les affaires, dans les entretiens particuliers), manque presque toujours aux plus grands orateurs ; parce que, courant toujours après les ornemens et les formes élégantes[1] ils n’acquièrent point ce tact fin

  1. Ils haranguent lorsqu’il ne faudroit que causer. La conversation d’un avocat est une perpé-