Page:Bacon - Œuvres, tome 3.djvu/235

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qui se rapportent à l’art de traiter avec les autres ? Or l’on peut dire que le sommaire, l’abrégé de ce décorum, de cette dignité dont nous parlons, consiste presque en ce seul point, à garantir tellement et la dignité des autres, et sa propre dignité, qu’on tienne entr’euxvet soi la balance presque égale[1] ; et c’est ce que Tite-Live n’a pas mal exprimé dans ce passage, où il donne l’idée de son propre caractère, afin, dit-il, de ne paroitre ni arrogant, ni servile ; car, dans le premier cas, ce seroit perdre de vue la liberté d’autrui ;

  1. Sous peine d’être haï ou méprisé ; car ce sont là les deux inconveniens entre lesquels on marche continuellement, et l’on tombe dans l’un par une excessive politesse ; et dans l’autre, par une excessive rusticité. L’homme perpétuellement poli, on marche dessus, attendu qu’on ne le craint pas ; l’homme rustique, on le~fuit, attendu qu’on le craint ; l’homme recherché, c’est celui qui sait assaisonner et couper ses politesses par quelques demi-impertinences qui les font valoir ; celui-là on ne sait pas au juste si on l’aime ou si on le craint et voilà précisément pourquoi on le respecte.