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Page:Bacon - Œuvres, tome 3.djvu/272

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qu’il faut composer son visage, non en y faisant paraître un air de mauvaise humeur et de rébellion, mais une tristesse grave et modeste. Il faut, dans tout ce que l’on fait, montrer moins de gaieté et d’enjouement qu’à l’ordinaire. De plus, pour rétablir un peu vos affaires usez de l’entremise d’un ami, et engagez-le à faire entendre au prince par un discours insinuant, de quelle douleur vous êtes intérieurement pénétré. En second lieu, évitez avec soin toutes les occasions, même les plus légères, de rappeler au prince la chose qui a excité sa colère, et de toucher ainsi à la plaie ; et beaucoup plus encore de l’irriter de nouveau, et de lui donner lieu de vous faire une seconde réprimande devant les autres : saisissez avec soin toutes les occasions où votre service peut être agréable au prince, afin de lui témoigner le plus vif désir de réparer la faute commise, et de lui faire sentir de quel serviteur il se priveroit, s’il venoit à vous congédier : rejetez adroitement la faute