Page:Bacon - Œuvres, tome 3.djvu/317

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de lui : en toute autre circonstance, ses mots sembloient ne sortir qu’avec effort ; mais lorsqu’il s’agissoit de rendre service, il parloit avec plus d’aisance et de liberté. Certes il seroit difficile de trouver un maître dans l’art de feindre et de dissimuler, assez attentif et assez adroit ; un homme, dis-je, qui pût maîtriser, et, comme quelqu’un l’a dit, commander son visage, au point de faire disparoître, d’un discours plein d’artifice et de dissimulation, ces légères différences, et d’empêcher qu’on ne distinguât s’il est plus libre et plus facile, ou plus vague et moins suivi, ou plus sec et plus gêné qu’à l’ordinaire.

Quant aux paroles humaines, on en peut dire ce que les médecins disent des urines, que ce sont de vraies prostituées, qui ne sont rien moins que ce qu’elles paroissent. Mais ce fard de courtisane se décèle dans deux cas ; savoir : lorsqu’on parle sur-le-champ, et dans les grandes émotions. C’est ainsi que Tibère, ému des paroles piquantes d’Agrippine,