Page:Bacon - Œuvres, tome 4.djvu/265

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ces d’observation, il faut un grand nombre de faits pour établir solidement une proposition générale affirmative ; encore tous ces faits ne la prouvent-ils pas rigoureusement, parce qu’ils ne la sauvent pas des exceptions ; au lieu qu’il ne faut qu’un seul fait contradictoire pour la ruiner sans ressource : par exemple, si je dis que tous les hommes sont menteurs, quand je montrerois mille hommes tous menteurs, cela ne prouveroit nullement qu’il n’y a et qu’il ne peut y avoir d’homme véridique ; au lieu que l’exemple d’un seul homme véridique renverse entièrement la proposition générale affirmative ; car s’il existe un seul homme véridique, il n’est point du tout vrai que tous les hommes soient menteurs ; et dès-lors la contradictoire, il y a quelque homme véridique, est solidement établie : c’est même la plus sûre, la plus prompte et la plus facile méthode pour établir solidement une proposition générale ou principe ; car, de quelque nombre de faits qu’on l’appuie, et sur quelque nombre de sujets qu’on le vérifie, comme il est presque toujours impossible de s’assurer qu’on a fait l’énumération complète de toutes les espèces du genre qui est le sujet de ce principe, il y reste toujours une partie incertaine, savoir, celle qui n’a pas été vérifiée. Au lieu que, si je ruine d’abord la contradictoire du principe à établir, ce que je puis faire à l’aide d’un petit nombre de faits