Page:Bacon - Œuvres, tome 4.djvu/27

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nemens, comme les méthodistes et les dogmatiques*3 ;

De subordonner, d’assujettir même la philosophie naturelle à certaines sciences particulières, telles que la logique, la théologie ou les mathématiques ;

D’entrelacer des opinions hasardées et des préjugés populaires, avec les vérités qu’on a pu découvrir par la vraie méthode ;

De se contenter d’une histoire naturelle toute composée de faits controuvés, douteux ou stériles, de traditions suspectes et de simples oui-dire ;

De courir dès le commencement après les petites découvertes et les applications fructueuses ;

De faire des expériences au hasard et en tâtonnant ;

D’abandonner l’esprit à son mouvement naturel et spontanée ;

De se fier à sa seule mémoire ;

*3 L’empyrique est l’aveugle qui n’a des yeux qu’au bout des doigts, et qui ne voit rien au-delà de la longueur de son bâton. Le raisonneur pur ressemble à certain docteur allemand, qui connoissoit les noms et les positions de tous les villages de la Cochinchine, et qui voyageoit dans les rues de sa ville natale, une carte à la main. Mais l’expérience perpétuellement combinée avec le raisonnement, est la canne angloîse surmontée d’une bonne lunette : le bâton sert à assurer tous ses pas ; la lunette, à voir fort loin devant soi.