Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/166

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filanzane et se mit en route. Cette fois encore, en arrivant à Majunga, il se heurta aux mêmes formalités administratives qui l’avaient si fort irrité à son précédent voyage ; mais il tint bon, résolu à ne point repartir sans avoir obtenu satisfaction. Tout en courant la ville pour tâcher d’employer ses relations à faire fléchir la rigueur absurde des règlements, il n’oublia point les acquisitions que lui avait demandées le docteur Hugon. Mais là encore sa patience, qui n’était pas excessive, comme on a pu en juger, devait être mise à une rude épreuve. Il put se procurer assez facilement un appareil distillatoire et une machine à faire de la glace ; mais, lorsqu’il voulut acheter le supplément de médicaments qui lui manquait, ce fut une autre affaire. L’affluence extraordinaire que les événements avaient attirée à Majunga avait eu pour conséquence immédiate le renchérissement exagéré des denrées de toute sorte. Le marché installé sur la place principale était assez bien approvisionné, mais tout s’y vendait trois fois plus cher que dans les conditions normales : la bière – et quelle bière ! – 2 francs la bouteille ; les saucissons 8 et 10 francs le kilo ; les pruneaux 30 et 40 sous la livre ; le beurre – du soi-disant beurre d’Isigny – 6 francs les 500 grammes ; le fromage de Hollande, une petite boule desséchée, 12 francs ; le savon de ménage – un des articles les plus demandés, on se battait pour en avoir ! – 4 francs le kilo ; et le reste en proportion. Les drogues n’étaient pas moins chères, d’autant qu’elles commençaient à devenir rares. La quinine elle-même manquait à Majunga. Tout ce que put recueillir le vieux Daniel, en battant les divers quartiers et en fouillant les cases des innombrables mercantis établis