Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/167

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dans la ville, ce fut un certain nombre de bouteilles d’eau minérale qu’on lui vendit 3 fr. 75 la pièce, bien qu’elles ne continssent que de l’eau légèrement chargée de bicarbonate de soude.

Furieux, il prit le parti de télégraphier directement à ses correspondants de Marseille, la maison Cassoute frères, de lui expédier par le prochain courrier un fort approvisionnement de quinine, d’ipéca, de teinture d’iode, de bandes, de charpie, de vins de coca et de Banyuls, et de diverses eaux minérales.

Justement le câble destiné à relier Majunga à la France par Mozambique avait été inauguré et livré au public depuis déjà deux mois. Jusqu’alors, en effet, la voie la plus courte pour télégraphier en France était d’envoyer la dépêche à Port-Louis, la capitale de Maurice, qui correspondait avec l’Europe par l’Eastern Telegraph Company ; or l’aviso le Papin, préposé à ce service, ne mettait pas moins de deux jours pour franchir les cinq cents milles qui séparent Port-Louis de Tamatave ; soit quarante-huit heures de perdues pour aller confier à des mains anglaises le sort d’un câblogramme auquel les circonstances pouvaient donner parfois une haute gravité. Aussi l’immersion du câble, long de sept cent quarante kilomètres, entre Majunga et Mozambique avait-elle été une des premières opérations exécutées à l’ouverture de la campagne ; ce travail, d’une utilité si urgente, avait admirablement réussi et dans un délai remarquablement court : dix jours avaient suffi pour le mener à bonne fin et depuis le 3 avril la ligne fonctionnait parfaitement. Bien que les dépêches envoyées par cette voie dussent encore emprunter l’Eastern Telegraph Company à partir de