Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/240

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d’éloges et, espérons-le, assez de récompenses, pour la somme d’efforts et de dévouement dépensée par ces braves gens au détriment de leur santé et de leur vie. Leur œuvre est une œuvre de géant. Sans parler de tous les ponceaux construits sur la route, des roches qu’ils ont fait sauter, de la brousse qu’ils ont déblayée, des marais qu’ils ont comblés, des pistes qu’ils ont élargies, des montagnes de terre et de détritus de végétaux en fermentation qu’ils ont remuées, il faut citer à part leurs trois principaux travaux, qui sont tout simplement des merveilles d’énergie patiente, d’habileté pratique et d’indomptable courage : le pont de Marovoay, celui d’Ambato et surtout celui du confluent du Betsiboka et de l’Ikopa.

Le pont de bois de Marovoay, d’une solidité à toute épreuve, est un pont de chevalets combiné avec des pieux dans sa partie médiane. Il a soixante-sept mètres cinquante de long et sa construction présentait d’autant plus de difficulté que la marée marne de quatre mètres sur la rivière de Marovoay. Pour enfoncer les pieux, le « mouton » étant tombé à l’eau antérieurement pendant l’échouage d’un chaland, on employa un moyen original : on disposa une plaque de fer horizontalement, et sur cette plaque on fit détoner de la mélinite, dont le choc enfonça les pieux très profondément.

Le pont d’Ambato, en travers de la rivière du Canoro, a cent vingt mètres de long. Détruit par un accident malgré sa bonne exécution, il fut refait avec une entière solidité.

Mais l’œuvre maîtresse du Génie dans toute la campagne, c’est le pont jeté un peu au-dessus du confluent du Betsiboka et de l’Ikopa, et qui n’a pas moins de trois cent