Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/44

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

rivière qui va se jeter dans la baie de Mazamba, au-dessous de Manakarana, courait à vingt mètres à peine du jardin, alimentant largement tous les services de l’habitation, depuis les chambres, la salle de bain, la cuisine, jusqu’à la mare de la basse-cour.

Michel était émerveillé de tout ce qu’il voyait. Et, comme il exprimait son admiration au vieux Daniel, celui-ci lui dit :

« N’est-ce pas la meilleure réponse à faire à ceux qui nient que Madagascar puisse devenir une colonie avantageuse et rémunératrice ? Quelques points mis à part, la terre, composée d’un terrain silico-argileux qui se laisse manier facilement, est bonne ; le jour où la culture sera mieux dirigée et plus étendue, les produits seront facilement décuplés. Le malheur c’est que dans l’île, plus que partout ailleurs, l’agriculture manque de bras, pour employer la formule classique. Sur notre côte particulièrement, nous sommes assez mal partagés à cet égard ; les Sakalaves ont peu de goût pour le travail de la terre, et je suis obligé de recruter presque tout mon personnel parmi les indigènes venus d’Afrique, de l’Inde ou d’ailleurs ; pour certaines besognes importantes et délicates, il me faut même engager des créoles de Maurice, voire des Européens. C’est en grande partie pour cela que, malgré ses baies nombreuses et ses magnifiques cours d’eau, notre côte ouest est généralement abandonnée des colons. Et cependant, si les hommes ne faisaient pas défaut, quels beaux caféiers on obtiendrait ! Quelles plantations de cannes, de vanille, sans parler du riz et du maïs ! Il y a des fortunes à gagner, avec une seule de ces cultures, sans compter que rien n’