Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/83

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A cinq heures du matin, elle pria Michel de tirer les rideaux, et d’ouvrir la fenêtre ; elle étouffait, elle voulait de l’air et de la lumière. Le jour paraissait à peine ; le soleil venait de se lever ; le ciel était d’un gris bleu pâle, presque blanc, sans un nuage. Déjà cependant on entendait chanter les oiseaux et les makes s’appeler entre elles avec leurs cris bizarres.

La malade sourit faiblement, puis elle fut reprise d’un nouvel accès de ces épouvantables douleurs qui lui brisaient le crâne. Le corps brûlait maintenant ; le pouls était irrégulier, trépidant ; le cœur battait une mesure folle ; la respiration, courte et entrecoupée, sifflait. L’agitation redoublait ; la pauvre femme, en proie à une excitation cérébrale intense, se livrait à des mouvements désordonnés ; il fallait la retenir de force pour l’empêcher de sortir de son lit.

Par moments, elle ouvrait tout grands ses yeux, et son regard se perdait dans le vide sans se fixer sur rien ; puis ses lèvres s’agitaient, elle semblait faire effort pour parler, mais aucun son intelligible ne sortait de ses lèvres.

Michel, se tordant les mains, se demandait avec angoisse ce qu’aurait pu inventer un médecin pour adoucir ces horribles souffrances et couper court à ces hallucinations torturantes. Il frictionnait les membres de la malade pour rétablir la circulation ; il continuait les piqûres de sulfate de quinine à ses bras et à ses jambes ; il aurait voulu lui insuffler sa propre vie. Mais rien n’agissait. Bien que la chaleur fût déjà très forte, le terrible froid était revenu maintenant aux membres et sur tout le corps.