Page:Baillargeon - La Neige et le feu, 1948.djvu/93

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d’aller pour m’occuper d’une chose à laquelle il s’intéresse beaucoup. Mais asseyez-vous donc, je vous prie.

Interrogé sur ses projets, Boureil lui fit part de son désir d’écrire un parallèle entre les Canadiens et les Français. M. Bellarmin se prit à marcher entre les étagères remplies de brochures couleur de papier tue-mouches, et semblant s’adresser à un peuple jeune, ou comme à quelqu’un derrière Boureil :

— Votre projet m’enchante, lui dit-il. Nul n’est mieux placé que le Canadien français pour nous dépeindre. Le Suisse n’est pas bon juge en la matière. Il est juché sur un pic : il regarde tout de suite en bas… Son pays ressemble trop à un tribunal. Le Belge, lui, est trop près : s’il ne se guinde pas, il devient français. Quand il nous juge, il redevient trop belge : le meâ-culpâ ne résonne pas dans ses jugements. Quant aux Français, envers eux-mêmes ils se montrent