Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/147

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M Descartes suivoit les victorieux par tout : et quoy que nous ne sçachions pas s’il avoit contribué à cette victoire, nous ne pouvons douter qu’il n’y ait eu part, conservant toûjours sa qualité de soldat volontaire sous le Duc De Baviére. Aprés l’entrée des victorieux, on tint les portes des trois villes fermées pendant six jours, pour faire la recherche des principaux auteurs de la rebellion : et on ne leur accorda que la vie. Les luthériens de la confession d’Ausbourg y furent maintenus comme les catholiques : mais on ôta aux picards ou picardites, c’est-à-dire aux calvinistes, le libre éxercice de leur religion, et on travailla d’autant plus à les humilier, qu’ils avoient paru plus zélez que les autres dans l’élection du palatin. Les villes de Bohéme qui restoient au nombre de quarante du côté des rebelles, vinrent apporter leurs clefs à l’envi. Il ne demeura que celles de Tabor et de Piltsen, où le bâtard de Mansfeld commandoit avec de fortes garnisons. On établit le Baron De Tilly pour commander dans Prague avec six mille hommes. Les généraux voyant qu’il ne se présentoit plus d’ennemi à combattre, se retirérent avec leurs troupes, aprés que les principaux seigneurs de la couronne de Bohéme eurent prêté le serment de fidélité et d’obéïssance à l’empereur, entre les mains du Duc De Baviére, qui sortit de Prague le dix-huitiéme jour de décembre, pour venir passer le reste de l’hiver à Munich. Il ramena une partie de ses troupes en Baviére, et laissa l’autre dans la partie méridionale de Bohéme, pour y prendre des quartiers d’hiver.

L’espace de six semaines pendant lesquelles l’armée impériale séjourna dans Prague, fut plus que suffisant à Monsieur Descartes pour rechercher et visiter ce qu’il y avoit d’habiles gens dans cette ville. Le têms que les autres soldats et les officiers employoient à s’enrichir sur les rebelles abandonnez à leur pillage, fut pour luy une occasion de loisir et de liberté plus grande, pour vaquer à des plaisirs plus honnêtes, qu’il trouvoit dans la conversation des curieux et des sçavans du lieu. La mémoire du fameux Tyco-Brahé y étoit toûjours vivante, et sa réputation