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PRÉFACE.

ticulièrement à caracftériier la peifonne qu’on veut connoître.

Comme M. Defcartes a toujours eu grand foin d’éviter les extrémitez pour fe garantir plus aifément de tout ce qui peut être outré ôc exceflîf dans la conduite de la vie, on le trouvera prefque toujours fort proche du jufte milieu oii doit être nôtre fituation. Ainfi l’on aura toujours beaucoup plus à fuivre qu’à éviter dans fes aârions & fes fentimens. 11 fera d’autant plus facile à tout le monde de l’imiter, que fa vie privée ne nous produit point de ces faits inimitables, qui fc lifcnt dans les Romans des Héros^où même dans les hiftoircs des Solitaires de laThébaïde. Son deffein ayant toujours été d’entretenir la correfpondance que Dieu a établie entre l’âme & le corps, jamais il ne put s’imaginer qu’il fût néceffaire de détruire l’un fous prétexte de fortifier l’autre. Il croyoit feulement que l’un & l’autre avoient befoin d’un frein pour être retenus dans leurs bornes, & pour faire leurs fondions félon l’ordre que Dieu leur a prefcrit. C’eft pourquoy à l’égard des chofes qui ne font point du reffort de la nature & de la raifon humaine, il tâchoit de ré-