Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/312

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de ce chaos devoit en conséquence de ces loix se disposer et s’arranger d’une certaine maniére qui la rendoit semblable à nos cieux : comment cependant quelques-unes de ses parties devoient composer une terre, et quelques-unes des planétes et des cométes, et quelques autres un soleil et des étoiles fixes. Aprés, il s’arrêta particuliérement sur le sujet de la lumiére, et il expliqua avec étenduë qu’elle étoit celle qui devoit se trouver dans le soleil et les étoiles. Il fit voir comment delà elle traversoit en un instant les espaces immenses des cieux, et comment elle se refléchissoit des planétes et des cométes vers la terre. Il y ajoûta aussi plusieurs choses touchant la substance, la situation, les mouvemens, et toutes les qualitez diverses de ces cieux et de ces astres, tâchant de faire connoître par tout, qu’il ne se remarque rien dans ceux de ce monde, qui ne dût, ou du moins qui ne pût paroître tout semblable dans ceux du monde qu’il décrivoit. Delà il vint à parler de la terre en particulier, faisant voir comment toutes ses parties ne laissoient pas de tendre exactement vers son centre, quoiqu’il eût expressément supposé que Dieu n’avoit mis aucune pesanteur dans la matiére dont elle étoit composée. Il expliqua comment cette terre ayant de l’eau et de l’air sur sa surface, la disposition des cieux et des astres, mais sur tout de la lune, y devoit causer un flux et reflux qui fût semblable en toutes ses circonstances à celui qui se remarque dans nos mers ; et outre cela, un certain cours tant de l’eau que de l’air du levant vers le couchant, tel qu’on le remarque aussi entre les tropiques. Comment les montagnes, les mers, les fontaines, et les riviéres pouvoient naturellement s’y former ; les métaux y venir dans les mines ; les plantes y croître dans les campagnes ; et généralement tous les corps mêlez ou composez s’y engendrer.

Mais parce qu’aprés les astres il ne connoissoit rien au monde que le feu qui produise de la lumiére, il s’appliqua particuliérement à nous faire entendre clairement tout ce qui regarde sa nature. Il voulut expliquer comment il se fait, comment il se nourrit, comment il a quelquefois de la chaleur sans lumiére, et quelquefois de la lumiére sans chaleur ; comment il peut introduire diverses couleurs en divers