Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/384

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tant à Anvers qu’à Louvain. Il étoit actuellement professeur royal des saintes ecritures dans l’université de cette derniére ville depuis environ deux ans, c’est-à-dire, depuis la promotion de Jansenius son prédécesseur à l’evêché d’Ypre. M Descartes qui connoissoit ce docteur de réputation, ayant appris qu’il étoit celuy qui avoit le mieux écrit sur les météores au jugement des habiles gens, ne s’étoit pas contenté de voir l’ouvrage qu’il en avoit fait imprimer en cinq livres à Anvers dés l’an 1631 : mais pour luy donner des marques de son estime il luy avoit envoyé un exemplaire de ce qu’il venoit de faire imprimer. M Fromond ne crut pas pouvoir mieux reconnoître ses honnêtetez, qu’en se mettant incessamment à la lecture de ce nouveau livre, dont il sçût assez faire valoir le prix. Il recueillit même les difficultez qui l’arrêtérent, et les points dont il ne pouvoit convenir avec l’auteur, suivant la priére que M Descartes luy en avoit faite. Il les mit en forme d’objections, qu’il luy envoya incontinent. M Descartes les reçût avant son départ pour Egmond ; et il fut surpris de la diligence d’un homme qui avoit d’ailleurs beaucoup d’occupation. Il reçût en même têms d’autres objections touchant le mouvement du cœur de la part de Plempius son amy, professeur en médecine à Louvain, qui s’étoit fait l’entremetteur du commerce qu’il commençoit d’avoir avec Fromond.

M Descartes récrivit à Plempius d’une maniére qui faisoit paroître qu’il appréhendoit de trouver des marques d’une trop grande précipitation dans ses remarques et dans celles de Fromond, vû le peu de têms qu’ils avoient eû pour lire son livre, outre que plusieurs de ses autres lecteurs luy avoient mandé qu’on ne pourroit en porter un jugement équitable qu’aprés l’avoir lû et relû plusieurs fois .

Néanmoins il témoigna être trés-obligé à Plempius de l’applaudissement que son livre recevoit dans son païs, et à Fromond de la faveur qu’il luy avoit faite de luy en écrire ses sentimens : s’imaginant que dans le jugement d’un si grand homme, et si bien versé dans les matiéres qu’il traitoit, il trouveroit comme ramassées les opinions de beaucoup d’autres . Pour ne pas abuser de l’honneur que luy faisoit Fromond il voulut imiter sa diligence, et répondre sur l’heure aux principales objections qu’il luy avoit proposées