Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/427

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avec la doctrine de M Descartes, ne servirent pas peu à le des-abuser et à luy faire rechercher de bonne heure son amitié. M Descartes avoit mandé au P Mersenne vers la fin de février de cette année qu’il ne se souvenoit point d’avoir jamais vû ce M Petit dont il luy parloit dans sa lettre, et dont il luy avoit envoyé les objections. Mais quel qu’il pût être, il avoit prié ce pére de ne le point décourager, et de ne luy pas ôter le desir de continuer d’écrire contre luy, sans même user de ménagement. Au mois d’avril suivant, il récrivit à ce pére pour le prier de convier M Petit de luy envoyer au plûtôt le reste de ce qu’il avoit à objecter contre sa dioptrique, ou autre chose, afin de n’être pas obligé de prendre la plume à deux reprises pour luy répondre. Tant que M Petit tint ses remarques renfermées dans les bornes de la dioptrique, il ne fit rien de contraire à sa profession ny rien de desagréable à M Descartes, qui se fit un divertissement de luy répondre dans ses heures de récréation d’aprés le repas. Il paroît que M Petit se voyant pressé par le P Mersenne d’envoyer à M Descartes le reste de ce qu’il avoit promis contre sa dioptrique, et que n’ayant rien en effet sur ce sujet, il avoit ramassé quelque chose de ce qu’il avoit oüy dire en l’air sur l’endroit du discours de la méthode concernant l’existence de Dieu et l’immortalité de l’ame, afin de ne point passer pour un homme léger et fanfaron dans ses promesses. Le P Mersenne en attendant ce qu’il promettoit incessamment sur la dioptrique, envoya son papier à M Descartes, qui luy en récrivit en ces termes au mois de may de la même année. Je n’ay nullement approuvé l’écrit du Sieur Petit, et je juge qu’il a eu envie d’être de fête, et de faire des objections sans avoir eu toutefois aucune chose à objecter. Car il n’a fait que se jetter dans quelques mauvais lieux communs, empruntez des athées pour la plûpart : et il les entasse sans beaucoup de jugement, s’arrêtant principalement à ce que j’ay écrit de Dieu et de l’ame, dont il semble n’avoir pas compris un seul mot.

Ce qui m’avoit porté à vous prier de tirer de luy ses objections contre ma dioptrique, c’est parce que je croyois qu’il n’en avoit point, et que je doutois s’il seroit capable d’en faire qui eussent aucune couleur sans montrer son peu de suffisance.