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se trompe de cheminée et lance dans une pauvre savate le collier destiné à une riche pantoufle. Franchement, ça ne me dit rien. Ton Noël me rend triste.

C’est peut-être parce que j’ai été jeune.

Quand j’étais jeune, on m’avait mis au collège. Un sale collège. Nos vacances de Noël commençaient… la veille de l’an. Le 24 au soir, on nous envoyait au lit une heure plus tôt. Pour ceux qui ne savaient pas, on annonçait :

— Attention, mes enfants. Endormez-vous, tout de suite. La cloche sonnera à onze heures et demie. Il ne s’agira pas de traîner. À minuit, ouste à l’église, pour la messe.

Ils se réjouissaient les bougres :

— Mince de fête !

Ah ! bien, ouitche ! La messe de minuit, c’était trois messes. On gelait. La crèche, il est vrai, était belle. Des centaines de bougies. On y voyait Jésus, sa maman à droite, son papa à gauche, l’ange, au-dessus, qui déroulait sa banderole : « Paix sur la terre… » Mais j’avais froid. Comme on devait prier, je priais. Je disais :

— Mon p’tit Jésus, tu es là sur la paille ; du moins tu es couché. Tu as, autour de toi, un