Page:Baillon - La Vie est quotidienne, 1929.djvu/109

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fameux luminaire : ça tient chaud… Tantôt un monsieur viendra chanter : « Minuit, chrétiens » avec la même voix qu’il avait l’an dernier. Puis on ira au réfectoire, on avalera un bol d’eau chaude qu’ils appellent du chocolat et on ira se recoucher… Petit Jésus, si tu as des yeux, tu l’as vu. En sortant du lit, j’ai refermé mes couvertures. Fais en sorte qu’un mauvais camarade ne les ait pas dérangées et qu’en m’y fourrant, je les retrouve bien chaudes…

Dans ma vie j’ai dit beaucoup de ces prières, et de plus bêtes. C’est peut-être à cause de cela que ton Noël me rend triste.

Tiens ! regarde, dans cette boutique, cette dinde. Elle est belle ; ses cuisses, les jolies dames d’aujourd’hui n’en ont pas de pareilles, et ces truffes sous la peau, on dirait qu’on l’a bourrée de bleus pour la punir d’être grasse. Pauvre dinde. Ce n’est pas de sa faute après tout si elle était grasse. Elle aurait préféré rester maigre — et vivre. Eh bien ! vieux, en regardant cette dinde, je pense à des choses et, ton conte, je crois que je le tiens.

— Tu appellerais ça : Le petit Noël des trois enfants qui avaient faim dans la neige. Le titre est un peu long. Mais si on te paie à la ligne… La neige,