Page:Baillon - La Vie est quotidienne, 1929.djvu/114

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régnait dans un pays, oh ! loin d’ici ! et les nations délibéraient un peu comme les bonshommes pansus dont il parlait. Je lui ai dit :

— Ton histoire est de la haute fantaisie. Personne ne la lirait jusqu’au bout.

Nous buvions un verre. Les journaux annonçaient des faits remarquables. Mon ami plia le sien, en deux, en quatre, en huit, en seize, tassa le tout et jeta cette boulette. Ses yeux regardaient loin. Il pensait à des choses.

— Qu’as-tu, vieux ? Est-ce ce que tu as lu ?

— Je n’ai rien lu, fit-il. Mais ne crois-tu pas ?

Moi, j’en suis sûr. Les circonstances changent, le journalisme, euh ! reste le journalisme. Cela t’étonnera peut-être, j’en ai fait, tu sais. Alors qu’importe si ce que je pense est un peu vieux. Tiens ! je vais te raconter une histoire de ce temps. Une histoire de sport, si tu veux. Oui, vieux, une bonne petite chaumière, une vieille baraque, un pantalon à trous, des cheveux qui s’en foutent, avoir eu tout cela. J’élevais des poules. Malade, j’avais lâché la ville, la boîte et loué cette baraque loin, en pleine campagne. J’y vivais libre et, pour employer un grand mot, recueilli. Le beau temps était mon maître, le