Page:Baillon - La Vie est quotidienne, 1929.djvu/121

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temps-là ? Des jambes cassées, des bras brisés, deux aviateurs carbonisés, un ministre la tête emportée d’un coup d’hélice, son secrétaire assommé, tout cela en quelques secondes ! Des télégrammes m’arrivèrent en éclair. Tu penses que le code des patrons n’y avait pas suffi.

En les recevant…

Mon vieux, les journalistes qui aiment leur métier, je les envie. « Une bonne petite information, de grosses informations… », ils cajolent ça ; ils en ont pleins la bouche ; on dirait une belle femme. Je crois t’en avoir dit assez sur mon compte. Ces informations, je les détestais. Elles étaient des corvées ; ceux qui en étaient l’objet, des gêneurs. Je ne dis pas que, devant ces morts, j’allai jusqu’à me frotter les mains : « C’est bien fait. » Quand même je dus avoir un vague sourire. Une sorte d’espoir aussi : « Si après cette expérience, ils en restaient là. » C’est laid, n’est-ce pas ? Je n’en fis pas moins un très beau reportage : de la couleur, des mots émus, tout ce que tu voudras.

Les jours suivants furent plus ternes. Comme on dit en sport, le départ avait été une « éliminatoire ». Les faibles supprimés, les autres couraient leur chance. Suivant le programme,