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On m’avait adjoint comme aide, mon ami Philippe, un garçon délicieux, un peu moqueur, dont je n’ai jamais su s’il était froussard ou bien crâne :

— Mon vieux, lui dis-je, nous allons tâcher de faire de la bonne besogne :

— Allons-y, fit Philippe.

Tournant autour de la table, je méditai quelques instants sur le texte de mes télégrammes, puis je me mis à dicter.

Aérodrome de Bréda. De notre envoyé spécial. Premier télégramme.

Ah ! c’est que je le voyais, cet aérodrome. Il me suffisait de fermer les yeux en pensant à mon coin de campagne. Des bruyères comme là-bas ; une sapinière à l’horizon, un ciel très haut, un soleil déclinant qui dorait les visages.

Peu de monde…

— Pourquoi, dit Philippe, ne mets-tu pas une foule.

— Non, vieux. Les Hollandais sont des gens froids, tu comprends. Ils sont las de ces avions qui, tous les jours, vont partir et ne partent jamais. D’ailleurs, la foule, j’en aurai besoin pour l’arrivée à Douvres.

Je décrivis donc un départ sobre, en famille,