Page:Baillon - La Vie est quotidienne, 1929.djvu/132

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Les femmes se lamentent.

— … mentent.

L’océan ricane.

— … cane. Tu me fais frémir, vieux.

— Tant mieux. Attends. …Et fait frémir les vieux. Tout à coup

Tout à coup mon reportage devint difficile. Les arrivées se ressemblent : une tache qui pointe, peut-être un oiseau, peut-être un nuage, deux ailes qui se profilent, un chiffre de plus en plus lisible, mille voix qui hurlent : « C’est Baumont !… C’est Baumont ! ». Copie banale. Je risquais de tomber dans des redites. Et puis vraiment, faisait-il déjà noir où faisait-il encore un peu clair ? Ce sacré Jean Lhair aurait dû nous renseigner un peu.

— Tu as la mer, suggéra Philippe.

C’est vrai ! J’avais la mer. Et j’avais ses vagues, son ressac, ses galets qui me fournirent, à l’atterrissage, un beau trémolo de cinéma.

Je dictais, emballé à fond.

— Ça va, mon vieux ?

Et l’enthousiasme montait plus haut que les clameurs des flots, les flots que je disais « déchaînés », car Philippe avait beau chercher à m’apaiser, la tempête soufflait maintenant.