Page:Baillon - La Vie est quotidienne, 1929.djvu/165

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M. Sinet, en le voyant, s’est mis à ressembler très fort à un renard. Il plonge, plus avant, dans ses paperasses. L’air distrait : Bonjour, vieux.

Jean Lhair (lugubre, entrant aussitôt au cœur de son sujet). — Eh bien ! vieux, as-tu vu leurs pancartes ? Apercevant celle de Sinet.) Ah ! toi aussi !… (Avec un petit sourire engageant.) Dis donc, Sinet, elle est pour les raseurs, ta pancarte ?… Tu dis ?… (Suggérant la réponse.) Toi, c’est vrai, tu reçois quelquefois des gens qui te rasent… Mais moi, vieux, as-tu vu celle qu’ils m’ont mise ?… Je t’assure, ils l’ont choisie exprès… (Sur le ton d’un enfant qui singe une réprimande.) Si vous voulez qu’on respecte vos droits, respectez vos devoirs ! Non ! mais, penses-tu, les droits… les devoirs, ces foutaises… Et les autres !… as-tu vu les autres pancartes ?… (En confidence au dos de Sinet.) Mon cher ami, veux-tu que je te dise ? S’ils en sont là, c’est que cela va mal… Le mois passé, ils ont imaginé de nous faire signer les feuilles de présence… maintenant, ils nous font la morale sur des pancartes… autant proclamer tout de suite que nous sommes des voleurs. Tu dis ?… Écoute, vieux, nous sommes ici, dans une boîte où l’on tape sur les révolutionnaires, et je tape