Page:Baillon - La Vie est quotidienne, 1929.djvu/166

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comme les autres, puisqu’on me paie, mais j’en suis, tu sais. Des patrons, tant qu’il y en aura, tant il y aura des gens qui nous embêtent… (Se montant de plus en plus.) Vous ne travaillerez jamais assez, voilà le fond de leur pensée, voilà ce qu’ils devraient mettre sur leurs affiches. Ainsi, l’autre jour, sais-tu ce qu’ils m’ont répondu ?… (S’étonnant de ce que Sinet ne dise pas « oui ».) Non ? Eh ! bien ! je vais te raconter ça… J’étais fatigué… Dans cette boîte, on est toujours fatigué. Je leur exposais qu’après une dure période de travail, ils auraient fait un beau geste, en m’accordant quelques jours de vacances. Ils ont levé les bras : « Jean Lhair, nous ne faisons pas de beaux gestes : nous faisons du commerce… » Formidable, hein ? Formida…

La sonnerie du téléphone couvre la fin. Silence. M. Sinet s’est peut-être juré de ne pas avoir l’air d’apercevoir Jean Lhair. Il se lève, le déplace comme s’il s’agissait d’un meuble, attrape l’appareil, décroche.

M. Sinet (dans l’appareil). — Allô ! Oui… (roucoulant). Ah ! c’est toi, ma chérie… (reprenant son ton habituel) Ah ! pardon… Comment ! Un correspondant ? (Très sec.) Mais, monsieur, demandez le numéro des sténogra-