Page:Baillon - La Vie est quotidienne, 1929.djvu/170

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instants M. Sinet, sans s’arrêter de lire ses paperasses, est très occupé à se fouiller les poches. Il trouve finalement ce qu’il cherche : deux cigarettes, l’une qu’il se met dans la bouche, l’autre qu’il tend, d’un geste distrait, à Jean Lhair.

Jean Lhair (de sa voix naturelle). — Merci, mon cher, je ne fume pas… (Et tout à coup furieux parce que le secrétaire aurait dû le savoir). Voyons, depuis le temps, tu sais bien que je ne fume jamais ! Toi, aussi, tu te moques !… Mais veux-tu savoir ? veux-tu que je te dise ?… L’autre jour leurs feuilles de présence, aujourd’hui ces pancartes, demain que sera-ce ? Eh bien, s’ils nous embêtent ainsi, c’est que cela va mal dans leur boîte. Pense au télégraphe, pense au téléphone, pense à la télégraphie sans fil. Franchement, cher ami, un journal a-t-il besoin de ces fantaisies ? (Se penchant sur Sinet qui ouvre une enveloppe.) Tu dis que le chiffre des abonnés augmente ? Précisément, il y en a trop ! Plus il y en a moins il y en aura, quand il n’y en aura plus ! Le journal croule, cher ami. Il est croulé ! Et nous, hein ? ce sera beau quand nous serons sur la paille !

M Sinet a fini sa lettre. Pour la première fois, il a l’air d’apercevoir Jean Lhair. Il tient ses