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encore des chats, qui, au lieu de recevoir de la nourriture, en devenaient bien souvent.

Et c’est à cause de ce pain si rare, de ce lait précieux comme le vin, de ces hommes qui mouraient, et encore de ces femmes, de ces enfants, de ces chats, que le père avait dit :

— Tu as tort.

Pourtant, puisqu’il aimait un Poulet, puisque Eve aimait une Râw, il n’eût pas été juste de ne pas donner à Mamie une Mina.

Il vint donc une Mina.

Aussi belle que Poulet ? Oui… non… Voici :

Quand on le sortit de son panier :

— Il s’en faut, dit le père, que ce soit un angora. Son poil est court…

— Court mais soyeux, rétorqua la mère.

— Il a l’œil un peu bête.

— Certes il ne louche pas comme ton Poulet.

À vrai dire, c’était un chat, ce qui est déjà méritoire. Il était mignon, colorié de noir, de jaune, de blanc, avec beaucoup de rose à l’intérieur de la bouche. Il avait une toute petite voix en épingle et relevait déjà fort ses moustaches.

On le mit par terre, et d’abord il resta là sans bouger comme un petit chat de bazar dont on n’aurait pas remonté le ressort. Puis on lui lança