Page:Baillon - La Vie est quotidienne, 1929.djvu/189

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Pendant ce temps, on continuait toujours la guerre :

— La guerre ! disait le boulanger.

— La guerre ! disait le marchand de lait.

— La guerre ! disait tout le monde.

— La guerre ! Miâw ! Est-ce toujours la guerre ? pleuraient les chats dès que le maître s’approchait du garde-manger qui, ne gardait hélas ! jamais de manger.

— Ces chats ont faim, se lamentait le maître.

— Regardez, Mina, comme est elle jolie, répondait la mère.

— Leur ventre est bien plat.

— Râw ! Râw ! viens jouer, disait la petite fille.

Et dans les assiettes, dans les marmites, le maître râclait, râclait après un peu de sauce pour ses chats.

Mais voici qu’il survint du nouveau. Plus la guerre ? Si, si, toujours la guerre.

— Mamie, dit un matin la petite Eve, tu sais, les gens de la petite boutique, ils m’ont demandé un chat : je voudrais tant leur en donner un.

Car les petites filles qui aiment recevoir, aiment aussi donner, parce que cela change.

Et puis elle savait bien qu’on ne donnerait pas sa Râw et non plus sa Mina.