Page:Baillon - La Vie est quotidienne, 1929.djvu/190

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Le père qui parlait peu mais écoutait beaucoup, ne fit pas autrement que d’habitude. Il dit si peu que ce ne fut rien.

Après le maigre dîner, toute la famille se trouvait perchée sur les arbres du jardin au gazon rouge, quand, la patte levée :

— Attention, je commence, prophétisa Poulet.

Ou, pour être exact, il avait commencé. Et il louchait très fort.

— Sale bête ! s’emporta le père.

Et encore plus furieux, parce qu’il avait dit : « Sale bête » :

— Eve, dit-il, puisque les gens de la boutique t’ont demandé un chat, va leur donner Poulet.

Papa qui donnait son chat !

— C’est vrai, papa ?

— Oui… Mais tout de suite.

— Et je pourrai le porter dans un panier ?

— Si tu veux… Dépêche-toi.

Elle avait déjà le panier.

— Et tu ne regretteras pas ton chat ? fit la mère.

— Je ne regrette jamais rien.

— Alors, dit la petite fille, dis « au revoir » à ton Poulet.