Page:Baillon - La Vie est quotidienne, 1929.djvu/191

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Non ! Je ne veux plus le voir… Mais pars donc… pars…

Et tandis que la petite Eve s’en allait, que Poulet, effrayé, pleurait ses « Miaw » dans le noir, il resta raide sans bouger sur sa chaise.

Quand ils furent seuls :

— Ne regretteras-tu pas ton coup de tête ? demanda la mère.

— Ce n’est pas un coup de tête. Je sais ce que je fais.

— Allons ! Tu n’as pas beaucoup de cœur.

— Si, dit le père ; j’ai beaucoup de cœur, mais j’ai aussi beaucoup de volonté.

La mère sourit, non parce qu’il disait : « J’ai de la volonté ». Elle le savait. Mais parce qu’il parlait de son cœur… Et le père vit ce sourire.

Alors quand il fut seul, seul avec lui seul, devant sa table de travail, il s’enfonça les mains dans les yeux, puis les frotta l’une contre l’autre parce qu’elles s’étaient mouillées, puis les remit sur ses yeux parce que ses yeux aussi se mouillaient.

Et comme il se trouvait ainsi, il crut entendre à la porte miauler son Poulet.

On ne sait pas comme un homme marche vite