Page:Baillon - La Vie est quotidienne, 1929.djvu/198

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Ah ! bien ouitche !

Je ne dis pas qu’en agissant comme on agit, on fit mal. Plus tard c’est certain, on fit mieux. Pauvre petit soldat. Il tournait là dans sa tunique, serrant son flingot qui sert à se battre. Hier peut-être, hier bien sûr on aurait acclamé : « Vive le petit soldat ! » Aux fenêtres, claquaient encore les drapeaux qui affirmaient que, de cœur du moins, on était avec ceux qui portaient des flingots. On leur avait donné du pain, du chocolat, des cigarettes, du fromage. On était fier de montrer à son côté un petit soldat. Mais aujourd’hui ! Ces Allemands qui approchaient ! Ce que l’on savait de ces gens-là ! Plus encore, ce que l’on n’en savait pas ! Vraiment avec le rouge de sa culotte, avec le bleu de sa tunique, il tirait par trop l’œil, le petit soldat. On s’en garait, on se donnait l’air de ne pas le voir.

Tout de même, il se trouva quelqu’un pour dire :

— Moi, à sa place, je m’arrangerais… Il y a des ambulances, n’est-ce pas ?

Ce qui prouve que l’on peut avoir la frousse et être pourtant un brave homme.