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plat qui, chez les autres, vous retournait le cœur, devenait chez nous quelque chose dont on ne pouvait pas dire absolument que ce fût mauvais, puisqu’on y trouvait un solide arôme de cannelle.

Chère Nounouche ! Elle aurait pu triompher :

— Hein ! mes deux kilos de cannelle, qu’en dites-vous maintenant ?

Elle était trop modeste. Elle se montrait fière quand même. Et je ne riais plus. Les amis qui venaient, ne riaient pas non plus. Eux qui devaient avaler ces tartes, ces crêpes — et sans cannelle !

Ils disaient :

— Vous avez de la chance, Madame. On ne trouve plus nulle part de cette cannelle. Ah ! si nous avions su !

Ma Nounouche n’était pas de ces gens qui, parce qu’ils détiennent un produit dont les autres n’ont pas, le conservent pour eux ou en font de l’argent :

— En voulez-vous un peu ? disait Ma Nounouche.

Elle en donnait un peu dans un cornet. La fois suivante, elle en donnait encore un peu dans un cornet. À d’autres qui venaient, elle en donnait aussi un peu, dans un cornet.